Quand on commence à s’intéresser à son alimentation, on se pose tout un tas de questions. Faut-il arrêter tel ou tel produit ? Faut-il manger bio ? Faut-il privilégier les aliments locaux ? Faut-il manger uniquement de saison ? Alors manger local, bio et vegan en PACA, est-ce possible ?
Après une année de véganisme, je vous avoue que j’ai répondu oui à toutes ces questions. J’ai arrêté tout produit animal pour des raisons éthiques et j’ai diminué grandement ma consommation de gluten pour de nombreuses raisons que je développerai dans un prochain article. Je n’achète plus que des produits biologiques, je mange à 99% de saison et j’achète 80% de ma consommation de végétaux au marché bio et local à côté de chez moi. Comme je mange beaucoup de fruits et légumes crus, je n’ai pas encore appris à me passer des bananes, des avocats ou encore des noix de cajou … les 20% restants sont donc ces produits que je consomme assez régulièrement. Je vous avoue que je ne saurais pas trop comment faire sans ces produits, et rien qu’à l’idée d’arrêter je me sens comme un carniste à qui on dit qu’il faut arrêter la viande. Mais en y réfléchissant, tout est question d’habitude et courant mai, nous allons nous lancer un défi 100% local pendant 1 semaine (oui on aime bien les défis), nous pourrons donc partager avec vous cette expérience qui on l’espère sera fructueuse.
Mais est-ce si facile ? Pouvons-nous tous le faire du jour au lendemain ? Quels sont les trucs et astuces pour basculer de la sur-consommation à la consommation raisonnée sans se sentir frustré, sans se ruiner et sans être totalement perdu ?
Vous connaissez peut-être le super site de Natasha : Echos-verts ? J’ai découvert son blog il y a quelques mois et j’ai adoré le concept de ses éco-défis. Chaque mois, elle sélectionne un nouveau thème et le développe avec d’autres blogueur-se-s. Ce mois-ci, nous partons à la découverte des aliments locaux et je suis ravie de pouvoir contribuer à cet éco-défi pour la première fois en partageant avec vous mon expérience à ce sujet.
Faire ses courses avec les saisons
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Tout d’abord, il est important de savoir quels sont les fruits et les légumes qui poussent en France à chaque saison. C’est déjà un premier pas vers une consommation locale et saisonnière. Après c’est une liste non-exhaustive, par exemple un de mes petits producteurs a eu des poivrons salades tout l’hiver et des tomates tout l’automne … Avec le changement climatique tout peut changer selon la région où on habite.
Manger bio ou local ?
Faut-il privilégié plutôt les produits locaux et/ou les produits bio ? J’ai commencé à manger bio avant de manger local, donc dans cet article, je vais forcément vous parler du bio-local. C’est pour moi indissociable. Pour vous dire, il y a 3 semaines j’ai eu un repas en famille où ils avaient acheté des fraises « locales » mais non-bio, je me suis sentie dans l’obligation de les manger mais ça m’a immédiatement piqué et brûlé la bouche. C’est pas très engageant. Je vois aussi une très grande différence au niveau du goût quand je suis invitée et que je suis obligée de manger des légumes achetés en supermarché ou même pire surgelés … je comprends très bien pourquoi les gens disent ne pas aimer les légumes, effectivement dans ces moments là je les déteste aussi !
Comme l’a très bien expliqué Herveline du blog « Sortez de vos conapts » une autre participante à cet éco-défi choisir entre le bio et le local est un faux débat, je vous invite donc à lire son article sur « Local ou Bio de l’étranger? » qui reprend exactement mon point de vue.
Et si vous avez encore des doutes, n’hésitez pas à regarder l’un des derniers reportages d’Envoyé Spécial sur les perturbateurs endocriniens. Édifiant !
Après, je ne veux pas non plus me poser en moralisatrice et condamner tous les gens qui ne mangent pas bio, là n’est pas le sujet en plus. Mais je partage simplement mon expérience et tente de montrer qu’il n’y a pas une si grande différence au niveau de l’organisation ou du budget si l’on décide de passer au bio-local.
Où et comment faire ses courses ?
Vous avez l’habitude d’aller dans une grande enseigne, le samedi quand c’est blindé, que les gens vous foncent dedans avec leur caddie et que les enfants hurlent pour avoir un bonbon ? Vous prenez toujours la même chose, des tomates, des courgettes au mois de décembre, des fraises en janvier venues d’où on ne sait où et la dernière offre promo à prix cassé d’un poisson élevé dans les eaux polluées et nourri aux OGM ? STOOOOP !!
Quand on veut commencer à changer ses habitudes, il faut déjà commencer par changer son lieu de courses. Fuyez les grandes surfaces, fuyez les lieux plein à craquer qui vous poussent à la sur-consommation de produits absolument inutiles, qui vendent des produits bio hors de prix et souvent de mauvaise qualité en mode greenwashing ou des produits bon marché plein de pesticides et de perturbateurs endocriniens.
Redécouvrez des marchés à taille humaine, ou des petits magasins qui proposent des produits locaux, de saison et probablement bio ou tout du moins raisonnés. Bref fuyez la distribution conventionnelle.
Au début, il faut faire quelques petites recherches c’est certain, et on peut se retrouver parfois perdu mais avec internet c’est rapide. Vous tapez le nom de votre ville et vous cherchez : marché bio, marché local, magasin bio, biocoop, AMAP, … et vous serez probablement surpris de tout ce que vous allez trouver. Même cet hiver, j’ai réussi à trouver un magasin bio au fin fond de la campagne auvergnate !
Alors ok, vous allez me dire : mais je n’ai pas le temps d’aller au marché le matin en semaine moi ! C’est pour les retraités et les mères au foyer ça ! Pas forcément, on peut trouver de nombreux marchés le samedi et le dimanche matin, ça vous prendra autant de temps que d’aller à l’hypermarché du coin, le stress en moins et le plaisir en plus. En général, sur les marchés les gens flânent, regardent les produits, s’intéressent à la dernière récolte, marchandent peut-être un peu, discutent avec le producteur. La vie quoi …
J’adore quand mon petit producteur me raconte comment il a créé ce produit, les graines qu’il ramène de ses voyages pour essayer de nouvelles choses. Ou quand sa femme me donne des conseils pour cuisiner le légume que je viens d’acheter et qu’elle m’offre une variété que je ne connaissais pas pour la tester ou me garde des légumes « moches » car elle sait que je les utilise tous et que je fais beaucoup de jus.
Retour de marché
Et si vraiment, même le week-end vous n’avez pas le temps, vous pouvez toujours opter pour des paniers de fruits et de légumes distribués à domicile par l’AMAP ou par des entrepreneurs locaux. C’est comme des courses en ligne mais avec de bons produits qui font travailler le commerce local au lieu des multinationales. Pourquoi ne pas tenter ?
Bon on a les fruits et les légumes, c’est déjà bien, mais je suppose que vous ne voulez pas vous nourrir exclusivement de cela … Et ça tombe bien, car de plus en plus de petits magasins bio ouvrent leurs portes partout en France. Et souvent ces magasins essaient de mettre en avant les produits locaux ou tout du moins français, même si bien sûr un large de choix de produits issus du commerce équitable est également disponible. C’est le cas par exemple des Biocoop qui a créé un fort partenariat avec les producteurs pour proposer des produits locaux et bio. Il en existe peut-être une à côté de chez vous qui n’attend qu’à être découverte !
Certains peuvent penser que c’est contraignant de faire tout ça mais je peux vous assurer que depuis que je fais quasiment toutes mes courses sur le marché et en magasins bio, ce sont les grandes surfaces qui sont devenues contraignantes ! Il faut prendre la voiture, trouver une place, se retrouver dans un magasin bondé, charger et décharger le caddie … Bref, je suis devenue presque agoraphobe des grandes surfaces quand je dois y mettre un pied pour aller chercher des litières pour mes chats … La différence est tellement flagrante !
« Mais j’achète quoi ? »
Si vous allez au marché, pour les fruits et les légumes, c’est très simple. Vous recherchez le producteur local, vous regardez ce qu’il propose ce jour là, vous vous assurez quand même que ce qu’il vend provient bien de sa propre production (si vous voyez des bananes, je peux vous confirmer d’ores et déjà qu’elles ne seront malheureusement pas locales) et laissez-vous tenter par ce que vous aurez envie de cuisiner pour le reste de la semaine. Vous pouvez également toujours demander conseil au marché si vous ne connaissez pas ou ne savez pas quoi faire avec vos légumes.
Accepter de manger local c’est également accepter de manger en fonction de ce que la terre nous offre et non en fonction de notre liste de course.
J’adore les changements de saison car c’est l’occasion d’avoir des surprises quand on arrive au marché et cela booste également ma créativité. Par exemple, la semaine dernière les navets nouveaux sont arrivés et cela m’a inspirée cette recette : Navets glacés à l’orange et au romarin.
Mais cette recette n’est pas encore 100% locale, encore la preuve que j’ai du mal à me passer de mes noix de cajou et de mon sirop d’agave … Mais en y réfléchissant je me dis que je pourrais utiliser des noix du marché à la place, ça montre qu’on peut très bien trouvé des produits locaux mais parfois on va vers la facilité, surtout que les noix de cajou sont mon péché mignon … Par contre pour le sucre, étant vegan je ne vais pas prendre de miel donc pour le coup, le bien être animal passe avant le local.
Si c’est votre première fois dans un magasin bio, ok, vous risquez d’être un peu perdu et de vous sentir dans la caserne d’Ali Baba. Même après des années de magasins bio, je tombe encore sur des produits dont je ne soupçonnais pas l’existence.
Pour vous aider, il y a quelques mois j’avais partagé avec vous les ingrédients indispensables dans l’article : « Dans mon placard vegan« . Même si depuis mon placard a bien évolué et que je vais prochainement en faire un nouveau étant donné que je suis bien plus tournée vers le local désormais, cela vous permettra d’ y voir un peu plus clair pour savoir quoi sélectionner.
Après au niveau des céréales, des plats préparés, des condiments il est plus difficile de s’assurer de leur provenance et de partir à la chasse aux produits 100% français. Mais pas impossible. En fin d’article, je vais faire le tour d’horizon des produits de la région sud-est et où les trouver.
« Mais manger bio et local, j’ai pas les moyens … »
Autre problème que certaines personnes soulèvent : le prix. Alors effectivement, si vous faites les mêmes achats qu’avant, comme par exemple des tonnes de viande, du poisson, plein de fromages et les derniers desserts à la mode, vous allez voir une sacrée différence sur le ticket de caisse. Entre de la viande bio de la ferme du coin et la viande premier prix en caisson vous risquez d’avoir un choc. Mais manger local veut aussi dire manger de manière raisonnée. Si vous n’êtes pas déjà végéta*ien, tentez de diminuer au maximum les produits carnés en privilégiant les fruits, les légumes, les céréales. Le problème ce n’est pas tellement que le bio soit cher mais c’est surtout de se demander pourquoi le conventionnel est si bon marché …
Personnellement, je n’ai pas ce genre de problème ne mangeant aucun produit animal, la différence de prix est beaucoup moins grande. Et quasiment inexistante si vous prenez vos fruits et légumes de saison, sur le marché ou dans votre AMAP.
Pour vous donner une idée, pour 2, j’ai un budget fruits et légumes d’environ 50€ tous les 10 jours, sachant que nous sommes raw till 4 (nous mangeons exclusivement des fruits et des légumes crus 2 repas sur 3).
Et même s’il y avait quelques euros de différence, quel est le problème pour ne pas ingurgiter de pesticides, de perturbateurs endocriniens ou autres poisons cachés, pour avoir des légumes qui ont du goût, des fruits juteux et plein de nutriments ? Je préfère largement acheter de bons aliments, bons pour la santé, qui ne détruisent pas les terres agricoles et m’économiser les rendez-vous chez le médecin et les médicaments à gogo. Faites votre choix :)
Manger local, bio et vegan en PACA
Habitant à côté de Nice, il est vrai que je suis assez gâtée niveau fruits, légumes et céréales. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est quand même restée assez agricole et fait également partie des régions les moins polluées de France avec de nombreuses productions bio, raisonnées ou en transition. Le climat aidant, nous avons une grande variété de produits tout au long de l’année.
Selon le lieu où on fait ses courses et les producteurs qu’on rencontre, on peut même trouver des fruits dont on ne soupçonnait pas l’existence sur la Côte d’Azur. Un des maraîchers chez lequel je me fournis a vécu en Afrique en tant qu’ingénieur agricole et a ramené des spécimens qu’il fait pousser aujourd’hui à côté de Nice. Ce fut l’occasion pour moi de découvrir certains fruits comme les feijoas ou les citrons du Congo made in France. Ils produisent aussi des kiwis et des kumquats.
La ville de Menton, célèbre pour ses citrons et son micro-climat quasi subtropical peut aussi faire pousser des avocats ! Ça reste une culture assez confidentielle mais il est quand même possible de trouver des avocats sur les marchés mentonnais !
Au niveau des céréales, on peut trouver des farines comme celle au petit-épeautre de Haute-Provence ou celle de pois chiche en Italie, très utilisée dans la cuisine niçoise avec notamment la célèbre socca ou encore avec les beignets de fleurs de courgette. Des plats très bon marché, simples à faire et délicieux !
Comme j’habite une région frontalière, les produits italiens seront plus locaux pour moi que des produits du nord de la France par exemple. Après libre à chacun de définir ce qui est local pour lui.
Bien choisir son marché local
Selon son lieu d’habitation, nous allons nous diriger vers tel ou tel marché. Nous avons encore une fois de la chance dans le sud, il y a beaucoup de marchés chaque jour de la semaine mais attention, cela ne veut pas forcément dire produits locaux, il y a malheureusement beaucoup de « pièges à touristes ».
En effet, si on fait attention et si on lit les petites pancartes, on se rend compte que de nombreux vendeurs sur les marchés ne proposent pas (uniquement) leurs produits mais plutôt des fruits et des légumes venus d’Espagne, d’Italie ou même de plus loin… Ça peut donc facilement être trompeur.
Depuis 2010, j’habite dans une ville juste à côté de Nice : St Laurent du Var, et j’ai découvert qu’il y avait un marché bio à 100 mètres de chez moi … le rêve. Mais pourtant, je n’y suis pas allée naturellement, ce n’était pas comme une évidence pour moi il y a 6 ans. J’avais peur que ce soit cher et qu’il n’y ait pas grand chose. Quand j’ai enfin sauté le pas, au début c’était assez curieux car c’est un marché tout petit avec 2 producteurs le vendredi et le mardi il y a maximum 4 producteurs et 2-3 commerçants qui vendent du miel, des poissons des gorges de l’arrière-pays, des huiles essentielles et tisanes et autres produits frais. C’est vraiment minuscule. Ça m’a changé des marchés niçois c’est sûr avec des dizaines et des dizaines de producteurs mais seulement très peu de producteurs bio (ça a peut-être changé depuis ces dernières années) mais au final je suis ravie de mon petit marché exclusivement bio et je trouve vraiment tout ce dont j’ai besoin.
Boomerang : épicerie en vrac, une initiative locale
Sur la Côte d’Azur, nous avons aussi une ville très avant-gardiste en matière d’écologie : Mouans-Sartoux. Cette petite ville située entre Cannes et Grasse encourage la lutte contre le gaspillage, le recyclage, les aliments biologiques dans les cantines et regroupe à elle seule de nombreux magasins bio et locaux, comme par exemple la Biocoop ou encore la première boutique vendant des vins vegan de la région.
Mais dans cet article, je vais vous parler de l’Épicerie Boomerang, qui a ouvert il y a peu de temps et où je suis déjà allée faire un tour conquise par ce concept simple et efficace.
Il s’agit de la première épicerie sans emballage des Alpes-Maritimes qui a été ouverte avec l’aide de KissKissBangBang. Mais en plus du mode « en vrac » ils mettent aussi en avant les produits locaux, ont tissé des partenariats avec des producteurs et artisans de la région pour proposer le plus d’articles possible made in PACA.
Je suis donc arrivée au magasin avec quelques bocaux vides de mon placard, je pensais en avoir trop pris mais une fois dedans, on se laisse vite tenter ! Le magasin est très propre, les gérants sont super accueillants et nous explique tout de suite comment faire pour peser nos bocaux et comment procéder. Quand j’y étais, une journaliste d’M6 était là également pour tourner une petite séquence et ce n’était pas le premier média à s’y intéresser, France 3, France Bleu, Nice matin, 20 minutes, etc… tout le monde est venu découvrir ce nouveau magasin !
Epicerie sans emballage
Il y avait beaucoup de choix, des céréales, des oléagineux, des huiles, du vin, des épices, des produits d’entretien ou de beauté, des shampoings et déo solides, et même des cookies maison avec une option végétalienne, bref le rêve !
J’ai donc rempli mes bocaux mais finalement je n’avais pas assez prévu, donc j’ai acheté en plus un petit sac en coton très mignon à réutiliser. Sur chaque distributeur l’origine du produit est notée, nous pouvons donc très facilement savoir si nous consommons local ou non. Ils ont également une petite partie marché avec des fruits et des légumes des alentours.
Au niveau prix, c’était tout à fait normal, le même qu’en magasin bio typique. Ça a coûté dans les 15€ de remplir tous mes bocaux. Alors si vous êtes dans le coin, n’hésitez pas à y faire un tour !
Listes non exhaustives des marchés, magasins, boutiques locales et bio de la région Sud-Est
Marché de St Laurent du Var: tous les mardis et vendredis sur le parking de Cap 3000
Magasins Bread : boulangerie bio, pizzas et spécialités végéta*iennes, gâteaux sans gluten et vente de légumes et fruits locaux, épicerie fine, vins bio à Nice et à St Laurent du Var
BioCoop
Épicerie Boomerang
Annuaire des producteurs bio de la région PACA
Et vous, accordez-vous de l’importance aux produits locaux ? Où faites-vous vos courses ? Partagez avec nous vos petits trucs et astuces.