Bilan après 1 an de véganisme – Partie 1
L’heure du bilan a sonné après 1 an de véganisme pour Vegan Freestyle.
Voilà tout juste un an que nous terminions notre défi vegan de 21 jours avec Lorelei. Nous n’avons pas vraiment eu le même parcours par la suite. Je suis devenue vegan après ce défi et je le suis restée depuis plus d’un an maintenant et Lorelei a d’abord fait 6 mois de transition avant de devenir vegan à 100%.
Nous avons pensé qu’il serait intéressant de partager ces deux expériences de nouvelles venues dans le monde vegan pour montrer que chacun vit ce changement à sa manière et à son rythme.
Nous allons revenir sur notre parcours depuis un an via une interview croisée en 2 parties (oui c’était trèèèèès long donc nous avons décidé de le publier sur 2 semaines).
Tout d’abord comment s’est passé ce défi ? Ce qui nous a démotivées, ce qui nous a choquées, ce que nous avons appris et finalement ce qui a changé en nous.
Puis nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour la deuxième partie qui parlera plus de notre évolution depuis 1 an de véganisme, notre entourage, notre vie de tous les jours, nos regrets, nos réussites …
Pourquoi as-tu fait ce défi vegan ?
Lorelei : J’étais flexitarienne depuis quelques années. Après les fêtes de fin d’année en famille puis une semaine de vacances chez des amis, nous avions surconsommé des produits animaux. J’ai eu comme le besoin de purger mon organisme de tout ça, et c’était la mode des défis vegan avec Oprah ou Beyoncé. Donc j’ai lancé ce défi lors d’une soirée apéro et Edelweiss l’a relevé.
Edelweiss : Parce que j’aime relever les défis :) J’ai vu ce défi comme une opportunité de sauter enfin le pas de ce qui me semblait être une évidence.
Comment se sont passées ces 3 semaines ?
Edelweiss : C’était assez horrible mais pas au niveau de l’alimentation, au contraire, étant donné que j’adore cuisiner, je me suis amusée à cuisiner beaucoup de choses, j’ai adoré ça. Ce fut une vraie révélation. Je me suis demandée pourquoi je n’avais pas sauté le pas plus tôt, surtout que j’étais déjà végétalienne à 90%. À côté de ça j’ai eu envie de beaucoup me documenter, j’étais une boulimique de l’info vegan, j’ai lu et vu plein de choses qui m’ont à la fois traumatisée et mise en colère. Après ça je ne pouvais pas revenir en arrière. J’ai détesté savoir à quel point tout est fait pour qu’on ne sache rien. Et à quel point on se complait dans notre déni alors qu’au fond on sait très bien que derrière un steak ce n’est pas Disneyland pour les animaux.
Lorelei : J’aurais peut être eu une réponse différente il y a un an, mais dans mes souvenirs, ce n’était pas si difficile. Bien sûr il fallait faire attention à tout ce que je mangeais, et comme j’avais tendance à me laisser tenter par tout ce qui trainait dans mon bureau au travail j’ai dû redoubler de vigilance. On testait de nouvelles choses dans l’alimentation et c’était un bonheur de découvrir ou redécouvrir de nouvelles saveurs.
Quel a été le déclencheur pour que tu continues ou que tu arrêtes après le défi ?
Edelweiss : Le déclencheur il n’y en a pas vraiment eu un, c’était un tout, mon corps ne voulait plus manger d’animaux, ni de produits issus d’animaux, ni faire toute autre activité qui exploitait les animaux. Je ne voulais plus vivre dans le déni. Tout était devenu très clair.
Lorelei : Après ce défi, je savais que je ne remangerai plus jamais de viande. J’avais un peu plus de doute concernant le poisson, les œufs et le fromage. À ce moment là, je ne pouvais pas dire clairement que je tirerai un trait dessus définitivement. Contrairement à Edelweiss, je n’ai pas regardé les documentaires sur les conditions animales comme Earthlings. Elle me disait de le regarder pour pouvoir arrêter le fromage mais j’en étais incapable. J’ai seulement vu 2 minutes je crois avant d’éclater en sanglot et de réaliser que je ne pourrais pas supporter ça. Et de voir à quelle point elle avait été affectée par ces vidéos pendant des jours même des semaines, j’avais besoin de trouver un autre moyen pour y arriver.
Qu’est-ce qui t’a motivée ou démotivée pour devenir à 100% vegan ?
Lorelei : J’ai donc peut-être été moins motivée au départ pour rester 100% vegan et je me disais que mes gâteaux préférés et mon addiction au fromage n’étaient pas très graves et largement compensés par toutes les autres choses animales que je ne mangerai plus. À la maison je mangeais 100% vegan mais à l’extérieur, au travail, je m’autorisais encore des plats végétariens. Mais je culpabilisais quand même, je n’avais pas la conscience tranquille et je commençais à me questionner de plus en plus en me demandant si mon plaisir gustatif justifiait le reste.
Edelweiss : J’ai vite compris que ce n’était pas si compliqué que ça si on veut s’en donner la peine. Tout ce qu’on mange se cuisine en mode vegan et même avec des saveurs bien plus intéressantes gustativement. Après il reste à faire le tri chez soi mais une fois que c’est fait et que tu as pris tes repères tout devient très simple.
Vegan Freestyle food ;-)
Quelles ont été tes plus grosses angoisses ?
Edelweiss : Les images qui m’ont hantée pendant des jours après tout ce que j’ai vu. Le dépeçage vivant des animaux dans l’industrie de la mode, les expériences scientifiques horribles, toutes les tortures à vif qui sont faites sur les animaux dans l’industrie et la science. Après le visionnage d’Earthlings je me suis dit que les humains sont de vrais psychopathes, entre le fait qu’on ignore parce que ça nous arrange bien et de voir tous ces gens faire ces horreurs en toute impunité comme si c’était normal… et tout en sachant qu’on qualifie les véganes d’extrémistes ^^. Ça a remis en cause beaucoup de choses, qu’est-ce qu’on fait là ? Pourquoi fait-on tout ça ? Comment en est-on arrivé là ?
Lorelei : Quand j’étais en transition je n’avais pas vraiment d’angoisse, sauf peut-être une certaine culpabilité de ne pas aller au bout des choses. Quand je suis devenue 100% vegan, c’était différent, parce que mine de rien, j’avais changé, mentalement. Alors d’un côté j’angoissais du regard des autres, car j’ai dû commencer à refuser des choses. Je suis dans un travail où on nous offre souvent des chocolats, des sucreries, où je dois organiser des dégustations, des ateliers et tout à coup, j’ai arrêté de manger toutes ces choses que je mangeais depuis des années. Et ensuite une angoisse de l’autre côté, du côté vegan de ne pas être parfaite. Et si je craquais ? Et si finalement je n’étais pas si forte que ça et que du coup, les vegans seront perçus comme des gens qui font soit disant la morale mais d’un autre côté craque à la première occasion venue. Même si ce ne fut pas le cas, j’ai toujours eu cette épée de Damoclès au dessus de la tête.
Comment as-tu vécu le regard des autres ?
Edelweiss : C’était peut-être le plus dur : les réflexions, les questions, la désinformation des autres qui sortent des théories hallucinantes sur les carences ou genre la façon dont les vegans nuisent à l’économie. Au restaurant, c’est insupportable aussi, quand le serveur te prend de haut comme si t’étais un extraterrestre. Les repas en famille. Quand on te fait comprendre que tu manges de la m**** et que ce n’est pas possible de ne pas manger d’animaux ou de produits d’animaux.
Lorelei : J’ai toujours eu l’habitude d’être dans des cases, je n’ai jamais été dans la normalité et finalement le véganisme était une case de plus. Mais je ne pensais pas que ça prendrait autant d’importance. Je pense que la plus grosse difficulté est de continuer à être soi-même sans devenir une version vegan de soi-même, et je crois qu’après 6 mois dans cette case, je ne sais pas si j’y suis déjà parvenue. Peut-être parce que c’est le début et que je suis encore révoltée. J’ai une collègue qui est vegan depuis plus de 15 ans et qui est beaucoup, beaucoup plus zen que moi dans les discussions. Donc je pense qu’un jour j’atteindrai cette zénitude, mais pour l’instant, dès qu’on lance un débat avec moi, j’ai cette boule au ventre et cette envie de vomir tout ce que je sais pour que, eux aussi, ouvrent les yeux. Ce qui est un sentiment très bizarre car je suis quelqu’un qui déteste les conflits, je déteste les affrontements, je n’aime pas faire des leçons aux autres mais en devenant vegan, je suis de plus en plus confrontée à des situations où je dois défendre mon point de vue et rentrer en conflit avec des gens. Et pour l’instant je ne sais pas encore comment faire ça sans me sentir mal. J’essaie donc le véganisme positif qui bien sûr correspond bien mieux à ma personnalité. J’encourage mes amis quand ils me disent que cette semaine ils n’ont pas mangé de viande et j’essaie de leur montrer le bénéfice de ce genre d’alimentation. Au final, quand on devient vegan on voudrait que tout le monde voit ce qu’on voit, des choses horribles aux choses fabuleuses. Mais ça ne fonctionne pas comme ça. Il y aura des gens plus réceptifs bien sûr, et je pense qu’en devenant vegan j’ai changé le point de vue de plusieurs personnes, je les ai sensibilisées au bien-être animal, je leur ai fait se poser des questions qu’ils ne se seraient jamais posées (et probablement n’auraient jamais voulu se poser …) et je pense que c’est déjà bien. Il faut apprécier les petites victoires et rien que le fait que des gens essaient de nouvelles choses, essaient d’être mieux dans leur vie, ça fait déjà une différence.
Qu’est-ce qui a été le plus dur ? La nourriture, les vêtements, les cosmétiques ?
Lorelei : Sans aucun doute la nourriture. On ne se rend pas compte à quel point les produits laitiers et les œufs sont présents dans notre vie. Autant la viande et le poisson, c’est assez facile de s’en débarrasser. Autant les produits laitiers sont absolument partout. Et ensuite le fromage, j’ai toujours aimé ça et je n’imaginais pas pouvoir m’en passer un jour. Pour les cosmétiques et les vêtements, je suis toujours en transition. J’ai jeté pas mal de choses mais n’étant pas Crésus, je n’ai pas refait toute ma garde robe en mode vegan. Ça se fera au fur et à mesure. Après j’ai eu un choc en voyant que mes manteaux avaient un col en vraie fourrure alors que je n’en avais aucune idée quand je les ai achetés, ce n’est mentionné nul part mais j’ai fait le test vu sur les sites dédiés pour en avoir le cœur net.
Edelweiss : Le plus dur a été le fromage. Ne plus manger une pizza avec du fromage ou des pâtes avec du fromage, ou un plateau de fromage que ce soit à l’apéro ou lors de repas familiaux. Surtout que je n’ai pas fait de transition moi, j’ai arrêté d’en manger alors que Lorelei continuait d’en consommer quand on sortait, mais je résistais en mettant en boucle dans ma tête les images des petits veaux et des vaches laitières.
As-tu craqué depuis 1 an de véganisme ?
Lorelei : Je n’ai pas craqué depuis que je suis devenue 100% vegan mais quand j’étais encore en transition, il m’est arrivé de craquer lors d’anniversaires en mangeant du poisson ou des gâteaux contenants des œufs ou du beurre. Et une fois, lors d’un repas au restaurant au tout début, j’avais demandé un menu végétarien et on m’avait apporté un tartare de saumon, que je n’ai pas renvoyé. Je bois encore occasionnellement du vin dont je n’ai aucune garantie du label vegan. Mais je sais qu’un label vegan est en train de se développer dans la région pour le vin donc c’est une très bonne nouvelle.
Edelweiss : J’ai craqué 3 fois. Une fois dans un restau en Italie où j’ai pris une pizza aubergine à la mozzarella di buffala mais j’ai eu super mal au ventre après. Pour un anniversaire j’ai mangé un burger au saumon teryiaki, que je n’ai pas plus apprécié que ça alors qu’avant c’était un de mes plats préférés. Et une fois des huîtres. En conclusion, à chaque fois que j’ai craqué, j’ai été déçue et je me rendais compte que j’avais plus envie du souvenir de l’aliment que de son goût réel qui était complètement différent désormais. À chaque fois que j’ai craqué c’était par peur de déranger ou par facilité, ce n’est pas toujours évident quand on n’est pas chez soi ou que l’on ne contrôle pas le repas. Mais au final je culpabilisais, je n’avais pas aimé ce que j’avais mangé, et en plus j’étais malade.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut devenir vegan ?
Edelweiss : D’y aller à l’instinct, de s’informer. Chacun fait à sa façon. Certains vont tout arrêter du jour au lendemain, d’autres vont diminuer petit à petit les produits animaux. Il faut le faire comme on le sent, le but étant d’y arriver.
Lorelei : Quand on est en transition vers le véganisme, il est courant de se demander quelle est l’échelle d’acceptable dans l’exploitation animale ? Si on renonce à la viande et au poisson pourquoi manger des œufs, du fromage, du beurre ? Ça a été mon gros problème moral pendant mes 6 mois de transition. Je pense que chacun a besoin de répondre lui-même à ces questions, et chacun ne deviendra vegan que quand il s’en sentira vraiment prêt. Certains vont sauter le pas à cause de vidéos sur la souffrance animale, certains vont se retrouver éthiquement dans le véganisme, d’autres vont le faire pour eux-même, pour leur corps. Il n’y a pas de méthode miracle, à chacun de trouver la sienne.
Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite ! N’hésitez pas à commenter et à poser des questions si vous le souhaitez !
Edit : Cliquez ici pour lire la partie 2 de notre bilan
Merci pour votre partage ! J’ai remarqué des similitudes avec Loreleï sur la transition, les questions, ne pas regarder les documentaires et sur la difficulté de rester zen… Parfois j’y arrive très bien et d’autres, c’est l’argument carniste de trop et j’en suis vraiment malade pareille : la boule au ventre et envie de pleurer de colère. Mais au final, je regrette de m’être énervé parce que ça ne changera rien, je le sais bien qu’on va juste être deux murs campés dans leurs fondations.
Merci pour ta réponse. Oui parfois c’est difficile de rester calme tellement les réflexions des gens nous paraissent insensibles et incompréhensibles. Mais j’apprends de plus en plus à rebondir sur autre chose si le sujet dévie trop, et j’essaie de moins prendre à cœur certains commentaires qui peuvent paraitre insignifiants pour celui qui les dit mais très choquants pour nous. Bref, pas évident tous les jours :)
Bonjour,
Je suis actuellement en plein questionnement sur mon mode d’alimentation et de consommation. Je suis une personne assez réfléchie qui aime avoir toutes les cartes (et informations) en main avant de prendre une grande décision. Merci beaucoup pour vos témoignages qui me seront, j’en suis sûre, d’une grande aide dans ma prise de décision finale.
Bonjour Eléa,
Merci pour ton commentaire. C’est effectivement très important de lire plein d’informations et plein de témoignages pour après faire sa propre expérience. Ça nous aide à mieux comprendre les choses, à diversifier ses sources et à faire le bon choix pour et par soi-même. Bonne chance pour la suite et à très bientôt j’espère. Tiens nous au courant :)